Bonjour à tous, voici une lettre des étudiants de l'IFRAMES d'Anger.
A Angers, le 28 octobre 2009,
Notre objectif étant de construire une coordination nationale d’étudiants dans le but d’avoir plus portée et de crédibilité dans nos démarches auprès des financeurs et décideurs politiques, nous vous invitons à nous contacter pour nous faire part de vos informations quant à l’état actuel de la situation dans vos instituts de formation. Voici ce qu’il en est pour nous :
Nous, étudiants en formation d’éducateurs spécialisés de l’Arifts Iframes à Angers, souhaitons vous faire part de notre crainte quant à l’évolution de nos formations par alternance. Depuis 3 ans, nous faisons le même constat :
* difficultés à trouver des stages, ce qui pourrait remettre en cause la formation (report ou arrêt de formation envisagés)
* de ce fait, non respect des projets de formation : le stage à tout prix prime sur le stage choisi
* le droit à la gratification n’est pas toujours appliqué
Dernièrement, nous avons envoyé un courrier aux professionnels des Pays de Loire concernant nos difficultés. Leurs réponses nous permettent de mettre en évidence différentes causes:
* les budgets de certaines structures ne permettent pas l’accueil de stagiaire en raison de la gratification
* le nouveau référentiel demande un investissement plus important des professionnels dans l’accompagnement des stagiaires
Aujourd’hui face à cette situation récurrente, nous nous sommes donc mobilisés de notre place sur nos temps de vacances afin de faire avancer les réflexions et de poser des actes. Nous relançons donc le mouvement déjà engagé les années précédentes avec pour objectifs :
# objectif général :
* défense de nos formations (alternance) et du travail social
# sous objectifs :
- un stage pour tous
- clarification et application de la loi
- gratification pour chaque personne en situation de stage (toutes filières, ASSEDIC ou non, privé ou public…)
- soutien aux professionnels dans le cadre de leurs actions pour la défense de la CC66
Nous tenons également à vous faire part de notre engagement au sein de notre promotion d’ES 2. A cinq jours du départ en stage, 7 personnes sur 54 n’ont toujours pas de terrain de stage malgré des recherches conséquentes. Nous avons décidé collectivement de reporter notre départ en stage pour deux raisons :
o En tant qu’étudiants, il nous semble important d’être solidaires avec nos collègues de formation n’ayant pas de stage.
o En tant que futurs éducateurs spécialisés, il nous paraît nécessaire de mettre en place un mouvement de fond autour de la défense des formations par alternance et plus généralement du travail social.
Il nous semble donc important de saisir ce temps pour s’engager dans un mouvement de fond sur le long terme tout en sachant que nous ne comptons pas remettre en question notre année de formation.
Aussi, nous vous conseillons de lire l’article paru dans les ASH au 23 octobre 2009 (n°2629) qui vient étayer nos propos et que nous vous joignons à la suite de ce mail. De plus, la crédibilité et la portée de ce magazine nous confirment que notre inquiétude quant à l’avenir de nos formations est partagée.
Pour toute question ou remarque n’hésitez pas à nous contacter à cette adresse dans l’attente de la création de notre site web :
Commissionexternearifts@gmail.com Article ASH :
Pénurie de stages : une menace pour l’avenir des professions sociales
L’instauration d’une gratification pour les travailleurs sociaux en formation rend, c’est une évidence, la recherche de stages de terrains de plus en plus ardue. Elle n’est cependant qu’un élément parmi d’autres pouvant expliquer la raréfaction de ces stages. Au bout du compte, cependant, c’est l’avenir des formations sociales, fondées sur l’alternance, qui est en jeu, et par ricochet celui des professions sociales elles- mêmes. Reflet de cette inquiétude, les trois textes que nous publions, rédigés par des responsables de formation à paris et Marseille et par une promotion d’étudiants marseillais.
Philippe poirier. Responsable de formation initiale à l’école de formation psycho-pédagogique (efpp) à Paris
Le « grand gâchis »
« Les difficultés liées à la gratification concerne aujourd’hui toutes les filières sociales, médico-sociales et de la petite enfance. Qui pourrait contester l’intérêt pour des étudiants de bénéficier d’un stage gratifié quand on connaît leur précarité croissante ? Mais cela doit-il se faire au prix d’un blocage du système de formation de l’ensemble des filières sociales et médico-sociales ? Car c’est bien cela dont il est question aujourd’hui et dont personne ne semble prendre la mesure. « Vos étudiants ont trouvé un stage, ou est le problème alors ?! » Il est que :
* des conseils généraux refusent de gratifier ;
* d’autres gratifient (ou gratifieront) en fonction des besoins qu’ils ont identifiés dans leurs schémas départementaux ;
* cela se répercute ensuite sur les établissements qui n’ont pas les moyens financiers d’accueillir des stagiaires malgré leur souhait ;
* quand ils en reçoivent encore, de nombreux établissements ont réduit leur quota de stagiaires pour entrer dans le cadre d’un financement plafonné par les financeurs ;
* la baisse sensible de l’offre de stages concentre les demandes sur les mêmes établissements qui en sont submergés ;
* les étudiants ne considèrent plus leur recherche de stage dans une dynamique formative mais comme la condition pour poursuivre leur formation, et ils s’accrochent au premier qu’ils ont – enfin - trouvé ;
* nous sommes en plein paradoxe : les étudiants bénéficiant des Assedic trouvent un stage beaucoup plus facilement et sont ainsi avantagés par rapport aux autres, ce qui indique bien, de plus, que des établissements pourraient accueillir d’avantage de stagiaires s’ils n’avaient pas de contraintes de financement ;
* nous parvenions a limiter la casse en réduisant un des trois stages à une durée de trois mois moins un jour ! mais même ce dernier verrou devrait sauter d’ici à la fin de l’année et la loi imposera la gratification dès deux mois ;
* le décret du 21 juillet 2009 (1) ajoute à la confusion et aux disparités, puisque la gratification rendue obligatoire pour les administrations et les établissements publics de l’Etat reste facultative pour les établissements publics de santé et (les collectivités territoriales ;
* des associations et des établissements confondent rémunération et gratification, de sorte que la dimension formative est remplacée par des relations employeur/ employé ;
* les associations employeurs sont étrangement absentes de ce débat et semble ne pas avoir pris conscience des enjeux qui se cachent derrière ce grand gâchis de la gratification. Les syndicats ne relaient pas d’avantage ce problème ;
* la gratification telle q’appliquée actuellement est en totale contradiction avec la réforme des diplômes qui valorise la dimension formative des terrains de stages, dits « sites qualifiants ».
Aucun véritable dialogue
Aujourd’hui, pour qu’un véritable dialogue ne s’est engagé avec le gouvernement sur cette question. Et comme elle est ignorée des medias, il n’y a aucune raison pour que cela change. Les étudiants se sont mobilisés une première fois seule, sans résultat. Seul un texte de loi pourrait éviter les disparités entre départements et entre établissements. Une demande a été déposée auprès du législateur afin de rendre obligatoire l’accueil des stagiaires dans les établissements sociaux et médico-sociaux, demande qu’il faudrait élargir aux structures de la petite enfance. Encore faut-il que cette demande soit entendue et comprise ! L’avenir de la gratification – et celui du système de formation – se joue donc en ce moment. Quel autre moyen que le rapport de forces pourrait inciter l’Etat à s’emparer vraiment de cette question et à engager un réel dialogue porteur d’une vraie réflexion constructive ?
Devons nous envisager de faire passer l’ensemble des diplômes des filières sociales et médico-sociales et de la petite enfance pour nous faire entendre et que le législateur prenne la mesure du problème ?
Soit nous ( dirigeants associatifs, professionnels, centres de formation, étudiants ) optons pour la recherche de solutions dans notre coin, avec nos réseaux parce que nous estimons que les problèmes de gratification sont dus à sa mise en route et que tout devrai renter dans l’ordre progressivement. Cela demande à court terme moins d’énergie qu’une mobilisation générale qui nécessite l’engagement et la loyauté de tous, et qui n’est jamais certaine d’aboutir. Dans ce cas arrêtons de perdre du temps en débat inutile sur la gratification !
Soit nous pensons que le système de formation des filières sociales et medico-sociales se bloque et nous n’avons malheureusement d’autre choix que d’agir. Mais qui (acteur social, collectif, associations…) sera en mesure de s’organiser, de fédérer autour de lui et d’imposer un dialogue puis une négociation ? »
1. voir ASH numéro 2620 du 21-08-2009, page17.
Contact :
p.poirier@efpp.fr –
www.donpoirier.fr